Fillon part à la reconquête de la France
L'ex-premier ministre apporte son soutien à des
candidats aux municipales.
«C'est vrai qu'il faut mériter Briançon», lance
François Fillon, déclenchant les rires de l'assistance. L'ancien premier
ministre a bouclé jeudi en près de dix-sept heures sa tournée de soutien aux
candidats UMP dans les Hautes-Alpes. Les enjeux y sont plus que symboliques. La
région est à gauche, le conseil général à droite. En 2012, l'UMP a perdu son
seul siège de député du département. À Gap, le parti a investi, pour la seconde
fois, le maire sortant Roger Didier, ancien du PRG. À Briançon, la gauche l'a
emporté en 2009, après annulation de l'élection de l'UMP Alain Bayrou.
Le soutien que François Fillon apporte aux chefs de
file UMP Arnaud Murgia à Briançon et Henriette Martinez à Laragne-Montéglin est
donc plus que bienvenu. C'est sur la reconquête de ces «villes moyennes» que
l'UMP fonde le gros de ses espoirs pour les municipales. Aux yeux de Fillon, Murgia,
trentenaire et ancien collaborateur de Patrick Ollier, «incarne une nouvelle
génération dont notre pays a besoin». Et qu'importe s'il a soutenu la
candidature de Jean-François Copé à la tête de l'UMP. Martinez, ancienne
députée et maire de Laragne, fait, elle, partie de ces «élus qui se prennent en
charge, qui assument leurs responsabilités», explique encore Fillon.
Un minimum de
journalistes
À l'occasion des municipales, l'ex-premier ministre
reprend donc son «tour de France». «Je ne l'ai jamais vraiment arrêté»,
corrige-t-il. Candidat à la présidence de l'UMP, il avait sillonné l'Hexagone
en 2012, à la rencontre des militants. La crise qui a suivi l'élection
contestée de Copé a stoppé l'élan. Mais pas la volonté de «se confronter tous
les jours aux Français». «Après plusieurs années au pouvoir, il est important
pour moi d'écouter les Français, d'aller à leur rencontre dans leur quotidien,
dans leur métier, de me faire une idée par moi-même», explique-t-il. Comme à
son habitude, le député de Paris se déplace avec le minimum de journalistes.
«On ne noue pas le même contact avec les gens quand il
y a derrière vous une caméra ou des micros», estime-t-il. Une prudence qui a
encore été confortée par la «surmédiatisation» de la crise à l'UMP dont ses
proches gardent un souvenir amer. L'intéressé lui-même évoque le «Fillon
bashing depuis septembre» et la dégradation de sa popularité. «Je m'y
attendais. Cela finit toujours par arriver quand vous êtes en haut dans les
sondages», raconte-t-il avant de se féliciter de ceux qui lui restent fidèles.
«Les soutiens sont toujours aussi nombreux et souvent plus vindicatifs que je
ne le suis, explique-t-il. Et nous venons de dépasser les 10.000 adhérents à
Force républicaine», son club lancé en 2013.
Un «discours de
vérité»
La rentrée politique n'a cependant pas épargné
l'ancien favori des sondages. «Mon message était mal compris ou déformé»,
dit-il. «En déclarant qu'il fallait choisir les candidats les moins sectaires,
j'ai choqué», relève-t-il à propos de ses prises de position quand lui était
demandé quelle serait son attitude en cas de duel entre un candidat de gauche
et un du Front national. «Il faut choisir les équipes les plus à même de
renouveler la donne, de défendre les intérêts locaux», explique-t-il aujourd'hui
dans la perspective des municipales.
«Les gens s'attendent à ce que je leur parle de tel ou
tel dirigeant de l'UMP, mais je viens les voir pour parler de la France,
raconte Fillon. Cela surprend et cela leur plaît.» «J'ai été le premier à
parler de faillite de l'État, à tirer la sonnette d'alarme, explique-t-il. Et
je constate que les Français ont les idées plus claires sur ces questions que
beaucoup de politiques. Ils connaissent les limites de la puissance publique,
de l'État, des collectivités locales, des réglementations, et leur rejet est de
plus en plus grand vis-à-vis de toutes ces réglementations qui sont censées les
protéger mais au final qui étouffent leurs initiatives et contraignent leurs
libertés.» Un «discours de vérité» que l'ancien premier ministre entend tenir
tout au long de son «tour de France de la reconquête», à Mâcon,
Bourg-en-Bresse, Dijon, Caen, Cahors, Bordeaux, Colmar… «Voyez-vous, je suis
très demandé», se réjouit Fillon.
JB Garat
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